La maladie des PDG : Une entorse à l’image de marque des entreprises et des organisations

Source : Pinterest

Le terme « maladie des PDG » n’est pas une condition médicale, mais il fait référence à certains comportements ou habitudes négatifs souvent observés chez les dirigeants d’entreprise. Daniel Goleman (2002), psychologue et auteur du concept d’intelligence émotionnelle, a largement exploré comment les compétences émotionnelles influencent la performance des dirigeants et, par extension, l’image de marque d’une entreprise. Lorsque l’on parle de la « maladie des PDG » à travers le prisme de Goleman, on fait référence à une série de déficiences dans les compétences émotionnelles critiques, qui peuvent sérieusement nuire à l’image de marque d’une entreprise.

1. Le leadership dissonant

De nombreux PDG sont des leaders dissonants qui, non seulement manquent d’empathie mais transmettent constamment en interne, des tonalités émotionnelles qui résonnent le plus souvent dans le registre négatif. Ils vont du tyran grossier qui injurie et humilie publiquement les autres au sociopathe manipulateur. L’impact émotionnel n’est pas sans rappeler celui des « detraqueurs dans les aventures d’Harry & Potter, qui « vident l’air qui l’entoure de toute paix, de tout espoir et de tout bonheur ». Ils créent des lieux de travail sinistres mais n’ont aucune idée de leur pouvoir de destruction. Les individus qui travaillent dans ces environnements toxiques emportent cette toxicité chez eux. Les hormones du stress libérées au cours de la journée de travail nocive continuent à tourbillonner dans le corps, de nombreuses heures plus tard (Howard Friedman & Ronald Riggio, 1981).

2. Le Syndrome de l’invincibilité

Les PDG qui réussissent souvent tombent dans le piège de penser qu’ils sont invincibles ou infaillibles. Ce sentiment peut les conduire à ignorer les conseils ou les critiques, à prendre des décisions impulsives ou risquées, et à créer une culture d’entreprise où la diversité d’opinions est étouffée. Les leaders souffrant de cette maladie créent ainsi des vides d’informations pertinentes car les collaborateurs leur dissimulent généralement des informations importantes pour l’entreprise de peur de blesser leur « ego surdimensionné » et s’exposer ainsi à leur « tronçonneuse ». Ces PDG se créent ainsi une Société de Cour au sens de Norbert Elias (1969) où des courtisans flatteurs ne leur donnent que des informations qui confortent leur ego, par crainte de passer pour des « hérétiques blasphémateurs ». Une telle attitude peut nuire à l’image de la marque, car elle peut être perçue comme arrogante ou déconnectée de la réalité.

3. Le Burnout et la Fatigue de Décision

Les PDG sont souvent sous une immense pression, ce qui peut conduire à l’épuisement professionnel. Lorsque cela se produit, leur capacité à prendre des décisions judicieuses peut être compromise. Les décisions erronées ou tardives peuvent entraîner des crises de communication ou des erreurs stratégiques qui nuisent à l’image de l’entreprise.

4. La Surconfiance et la Prise de Risque Excessive

Une autre « maladie » est la tendance à la surconfiance, où les PDG peuvent sous-estimer les risques ou surestimer leurs capacités. Cette attitude peut mener à des décisions qui mettent en péril la réputation de l’entreprise, surtout si ces risques se matérialisent sous forme de scandales ou d’échecs publics.

5. L’Éloignement de la Base

À mesure que les PDG montent en grade, il devient plus difficile pour eux de rester connectés avec les employés de base et les consommateurs. Cet éloignement peut mener à des décisions qui ne sont pas en phase avec les attentes des parties prenantes, compromettant ainsi la perception publique de la marque.

6. Le Narcissisme

Certains PDG développent un ego démesuré, se voyant eux-mêmes comme la figure centrale de l’entreprise. Ce narcissisme peut créer une culture où l’image personnelle du PDG est priorisée au détriment de l’image de l’entreprise. En cas de crise, ce type de comportement peut aggraver la situation en détournant l’attention de la résolution des problèmes.

7. Manque d’Auto-Conscience

L’une des compétences clés de l’intelligence émotionnelle selon Goleman est l’auto-conscience, ou la capacité de comprendre ses propres émotions et leur impact sur les autres. Un PDG qui manque d’auto-conscience peut être aveugle à ses propres défauts ou à l’effet de son comportement sur l’organisation. Cela peut conduire à des décisions mal avisées et à une culture d’entreprise toxique, ce qui érode l’image de marque de l’entreprise.

8. Déficit d’Empathie

L’empathie, une autre compétence centrale dans le modèle de Goleman, est cruciale pour comprendre les besoins des employés, des clients et des autres parties prenantes. Un PDG qui manque d’empathie peut négliger les attentes du marché, ignorer les signaux d’alerte interne et traiter les employés de manière déshumanisante. Cette attitude peut être perçue comme froide ou insensible, nuisant gravement à la réputation de l’entreprise.

9. Absence de Régulation Émotionnelle

La régulation émotionnelle est la capacité à gérer ses propres émotions de manière constructive. Les PDG qui échouent à réguler leur stress ou leurs frustrations peuvent réagir de manière excessive ou impulsive, que ce soit dans la communication publique ou dans la gestion des crises. En résonnant sur ce registre émotionnel et toxique, les collaborateurs et même les partenaires finissent généralement par s’épuiser. De tels comportements peuvent alimenter les controverses et donner une image de marque instable ou peu fiable.

10. Défaut de Motivation et d’Inspiration

Goleman souligne également l’importance de la motivation et de l’aptitude à inspirer les autres. Les PDG qui sont démotivés ou qui ne parviennent pas à motiver leur équipe risquent de créer un climat de travail apathique. Cette absence de dynamisme et de vision peut affecter la perception publique de l’entreprise, en la rendant moins attractive pour les talents, les investisseurs, et même les clients.

11. Problèmes de Compétences Sociales

Enfin, les compétences sociales, telles que la communication efficace et la gestion des relations, sont essentielles pour un leadership réussi. Un PDG qui est isolé, qui ne parvient pas à construire des alliances ou qui communique de manière inefficace, peut affaiblir les relations internes et externes de l’entreprise. Cela peut se traduire par une image de marque fragmentée, où les différents publics ne reçoivent pas un message cohérent et positif.

Conclusion

La « maladie des PDG » représente une menace réelle pour l’image de marque d’une entreprise ou d’une organisation Vue à travers les compétences émotionnelles de Goleman, elle montre comment les déficits en intelligence émotionnelle peuvent causer des entorses majeures à l’image de marque d’une entreprise. Pour éviter cela, il est crucial que les PDG développent et maintiennent ces compétences, non seulement pour leur propre bien-être, mais aussi pour la santé globale de l’entreprise et sa réputation sur le marché. Une bonne intelligence émotionnelle peut aider à construire une image de marque robuste, tandis que son absence peut rapidement la dégrader.

Dr. Robert DEMANOU

Expert trilingue en Communication, Brand Management & Influence

Fondateur du Cabinet International Baobab Solutions Consulting

Partagez l'article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *